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LE MOULIN DU BOURG

Dit le moulin de Gueffard

Témoin des temps les plus lointains, plus vieux vestige de moulin encore debout sur le pays d'Olonne et sûrement la plus ancienne ruine de la commune, le moulin du bourg est devenu un des emblèmes du pittoresque village de L'Ile d'Olonne. 

La présence du moulin du bourg est si ancienne que nul n'a encore pu dater sa construction.

Sur les six parcelles cadastrales du site du moulin, aux noms évocateurs et presque poétiques : Mottée du moulin Gueffard, mottées du sud et du levant (pâtures), le cerne et les douves du moulin (marais à poissons) et le moulin lui-même d’un diamètre de 5,52m, d’une hauteur de 7,47m aux murs épais d’un mètre, sans semelle de fondation, se trouvait aussi une maisonnette boulangerie dont les fondations sont encore visibles. Le tout surmonté de la tonnelle en bardeaux de châtaignier typique du Bas-Poitou. 

LES MOULINS EN PAYS D’OLONNE 

Les premiers moulins construits au pays d'Olonne étaient des moulins à marée établis le long des étiers dans les marais. Ils sont mentionnés dès le XIéme siècle dans le cartulaire de l'abbaye de Ste Croix de Talmont.

Au XIIème siècle, on trouve la trace de moulins à vent dans les cartulaires des premières abbayes qui se sont implantées dans la région dont les bénédictins de Talmont et de Bois-Grolland qui exploitaient localement des salines et qui connaissaient la technique des moulins à vent :

En 1100, l'abbaye Ste Croix avait reçu en donation le moulin Dolebel.

En 1140, Aymery du Bouil donne le moulin d'Olonne à Bois-Grolland.

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En 1222, don est fait d'un moulin à l'abbaye de Bois-Grolland par Guillaume de la Mothe-Achard, chevalier, en présence de Guillaume, abbé de Bois-Grolland et de (Michel ?), abbé de St Jean d'Orbestier. 

Les deux moulins reçus par l'abbaye de Bois-Grolland en 1140 et 1222 pourraient être des moulins de L'Ile d'Olonne.

Enfin, le 28 février 1316, dans le cartulaire numéro 30 de l'abbaye de Talmont, on trouve la permission donnée par Jean, Vicomte de Thouars, de bâtir un moulin à vent sur ses terres à frère Éstienne, abbé de St Jean d'Orbestier.

En ces temps-là, les moulins à vent n'étaient "guère plus hauts que larges" (Claude Rivals). La plupart de ces moulins ont disparu et seuls quelques-uns qui avaient été surélevés ont subsisté jusqu'au siècle dernier.

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PREMIÈRE TRACE ATTESTÉE DU MOULIN DU BOURG 

Le 12 septembre 1656, Messire François Grellier, prêtre curé recteur de L'Ile d'Olonne reconnaît avoir reçu du sieur Pierre Gillier, farinier et fermier du moulin du bourg, la somme de 66 livres tournois (archives départementales) ...

Cet acte découvert en 2020 par l'association "Hisla Ad Marchas" (H.A.M) permet d'attester de source sûre que le vieux moulin est âgé d'au moins 360 ans.

 

LA PORTE OUEST 

Un élément très parlant dans l'architecture de ce moulin permettant de démontrer son ancienneté se situe au dessus de la porte ouest. Nous avons pu constater que le linteau de pierres (le palâtre) de cette porte est exactement de même style que celui de la porte de la tourelle de l'église qui elle, est datée de la fin du XVème siècle.

Cette similitude permet d'appuyer l'hypothèse suivante :

En 1472 Louis XI fonde la ville des Sables d'Olonne. Il fait construire des remparts et aménager le port. Les exportations maritimes de sel et de vin reprennent et le pays d'Olonne connait un nouvel essor économique, la population locale augmente significativement. On a besoin de plus de sel, de vin et de farine dont la demande ne cesse de s'accroître. L'église est agrandie, le chevet à fond plat, les deux chapelles latérales qui constituent le transept ainsi que la tourelle sont construits (un appel aux dons pour l'agrandissement de l'église est acté le 2 juin 1481). 

La rénovation du moulin du Bourg ainsi que l'élévation du dernier étage pourrait avoir été engagées à ce même moment. 

L'installation de nouvelles salines s'intensifie, les anciens cultivent le blé jusque sur leurs bossis de marais salants.

L'ancien four banal qui était situé à côté de la cure aurait également été créé ou rénové à cette époque.

L'architecture similaire de la porte ouest du moulin avec celle de la tourelle permet d'admettre cette théorie.

Les noms donnés au moulin 

Les plus anciens textes mentionnant le moulin rendent incontestable que le nom principalement utilisé pour le décrire est "le moulin du bourg". C'est d'ailleurs son seul nom observé jusqu'à la première moitié du XIXème siècle tout comme la saline située toute proche (le marais du bourg).

Ce n'est qu'en 1829, pour une raison qui n'a pas encore été découverte, que le moulin se voit attribuer le nom de "moulin de Gueffard". Il est probable que le moulin ait été, à un moment donné, la propriété d'un nommé Gueffard (plusieurs familles portent ce nom en Vendée) et que ce nom séduisit le géomètre de l'époque au point de le nommer ainsi, lors de la conception du tout premier cadastre communal dressé en cette année de 1829.

Cela a donné, par la suite, le nom de "moulin Cafard" (mentionné dans l'inventaire des biens-meubles de M.Jean Francois Trichet, boulanger le 26 juin 1845), mais aussi le "moulin Gouessard" (écrit ainsi par Jules Tard, historien local du XXème siècle).

 

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La légende de la tour de guet 

Légende ou histoire vraie, il se raconte depuis longtemps que le fût du moulin serait le vestige d'une tour de guet utilisée pour protéger l'ancien château seigneurial de la "cour de L'Ile". Cette tour de guet aurait été reconvertie, dit-on, en moulin à vent lorsque les temps furent devenus plus sûrs.

Pourtant, jusqu'à aujourd'hui, aucun écrit et aucune preuve n'ont été découverts pour attester cette théorie. Les papiers les plus anciens mis au jour concernant le vieux moulin attestent que, déjà en 1656, l'usage de la bâtisse était bien de moudre le grain.

Néanmoins, il est acceptable de penser qu'il y'ait une part de vérité dans cette légende.