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LA SALORGE ET LE SEL DE L'ILE D'OLONNE 

Propriété de la commune depuis 2015, ce vaste bâtiment de pierres est l'un des derniers grands témoins de l'activité agricole qui a été la plus représentative de L'Ile d'Olonne : la production du sel.

Les marais salants situés à deux pas de cette salorge ont été exploités pendant plus de 1000 ans par des centaines d'islais. 

Plusieurs salines sont encore entretenues et produisent quelques dizaines de tonnes chaque année. Elles sont visibles à 500m de ce lieu.

L'année de construction de cette grande salorge n'est pas connue mais la mémoire locale nous indique qu'elle aurait été bâtie dans les années 1920 par un négociant.

On la trouve sur un plan des bâtiments du bourg réquisitionnés durant la dernière guerre mondiale où elle est signalée appartenir à M.Bluche (important épicier en gros basé à Angers).

 

En 1928, elle appartient à un certain M.Rabiller.

Cette année là, à l'occasion d'une représentation théâtrale organisée par la paroisse (vers le Christ) le Curé Grelet écrit dans son bulletin : 

"C'est dans l'immense salorge de M.Rabiller très gracieusement mise à notre disposition, que les infatigables artistes, toujours empressés à faire plaisir,  nous ont fait admirer leurs costumes, leurs décors mais surtout leur talent supérieur."

Un bon millier de spectateurs, venu des quatre coins de la Vendée, s'était rassemblé dans la salorge bomdée pour cette occasion.

Après le déclin des salines et la dissolution de la coopérative de sel, la salorge passa dans les mains de la coopérative agricole (CAVAC) pour y stocker des céréales, puis rachetée par l'entreprise de plomberie Epaud.

Elle fut acquise en dernier par la commune qui a souhaité la restaurer et la valoriser  tout en préservant son architecture et son état d'origine. 

Ce haut lieu d'histoire pour tous les islais est aujourd'hui une salle d'expositions et d'événements culturels, mise à la disposition des associations et des artistes locaux.

 

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La salorge pouvait loger 2000 tonnes de sel.

Longue de 40m sur 12m de large, le bâtiment de plus de 400m² pouvait engranger jusqu'à 2000 tonnes de sel.

Les récoltes des années 1928 et 1929, par exemple (grosse année de sel), ne rentrèrent qu'à moitié dans la salorge. Il fallut couvrir de roseaux une quantité importante de mulons de sel restés sur les bossis de marais pour pouvoir passer l'hiver au sec en attendant d'être vendus.

Le transport du sel du marais à la salorge avait lieu lorsque les récoltes étaient terminées, c'est-à-dire fin août et septembre, avant la saison des vendanges ou en même temps (le vin était la deuxième plus importante production agricole de la commune).

Toutes les familles saunières travaillaient durement pour peser et remplir les sacs de sel sur le marais, les charger dans les charrettes, les décharger à la salorge et les vider.

Il fallait grimper à l'échelle pour décharger les sacs au sommet du tas. 

Aujourd'hui encore, l'échelle permettant d'accéder à la partie supérieure de la salorge est toujours visible.

Pour chaque transport il fallait payer la taxe sur le sel transporté et posséder une autorisation de transport. Gare à celui qui tenterait de frauder, les douaniers (gabelous) contrôlaient toutes les sorties des marais.

Une charrette à cheval était généralement chargée de 30 sacs de 50kg chacun.

Avec 1500 tours de charrettes, la salorge était pleine.

En 1928 et 1929, années où la salorge devait être toute neuve, on comptait toujours sur L'Ile d'Olonne près de 2500 aires salantes (oeillets) réparties sur 90 salines exploitées par une centaine de familles biens connues : les Macouin, Hillairet, Richard, Mandret, Rocheteau, Chabot, Vilnots, Bonnamy,Grellier, Raffin, Violleau … etc…  

Il y avait dans le bourg une autre salorge, plus ancienne, construite entièrement en bois. Elle était située le long du chemin du père Cristal, à 100m de celle-ci.

Le grand bâtiment en pierres situé devant la gare d'Olonne était aussi une salorge construite, elle, par M.Guérineau négociant en sel de L'Ile d'Olonne. 

Les sauniers d'Olonne et de L'Ile y apportaient leur sel d'où il partait directement par la voie de chemin de fer. La salorge de L'Ile à pris le relai de celle d'Olonne, nouvellement construite et moins éloignée pour transporter les récoltes.

120 mulons de sel couvraient nos marais de L'Ile d'Olonne au début de l'existence de la salorge, soit près de 3000 tonnes en 1928.

La salorge n'était pas remplie tous les ans. Certains étés, trop pluvieux, ne permettaient pas de récolter le sel.

 

Les salines de L'Ile d'Olonne, 

de la gloire au déclin 

 

L'Ile d'Olonne possédait plus de 4000 aires de marais salants produisant 5000 tonnes les bonnes années au plus fort de son activité au XVIIIème siècle. 

Une originalité à remarquer : si, plus de la moitié des salines du pays d'Olonne ont disparus entre la révolution et 1914, celles de L'Ile d'Olonne restèrent presque toutes en activité pendant cette période, ce qui a fait du sel de L'Ile d'Olonne une véritable spécialité et une grande renommée.

C'est lors de la première guerre mondiale que L'Ile-d'Olonne a connu la plus grande vague de disparitions des salines. 

La guerre 14-18 est la cause d'une pénurie de main-d'œuvre suite aux décès de beaucoup d'hommes.

L'après guerre et l'invention de la réfrigération et de la congélation, puis, une succession de mauvaises années (intempéries des années 1960) firent abdiquer les derniers sauniers déjà très fragilisés par la concurrence des sels étrangers. 

L'utilisation de la salorge pour le stockage du sel fut abandonnée. 

La dernière bonne année fut 1949 avec 1400 tonnes stockées jusqu'à la grand porte de la salorge.

 

Avant l'apparition des salorges

Avant l'apparition des salorges au XIXème siècle le sel partait par voie d'eau, anciennement par la Vertonne pour rejoindre le port de la Gachère où il était déchargé et rechargé sur de plus gros navires et partait dans toute l'Europe.

Lorsqu'un navire entrait dans le port de la Gachère une personne était chargée de diffuser l'information et de choisir les mulons de sel (conservés sous une couche de roseaux) qui allaient être transportés au navire. Tout le monde s'activait pour ce travail.

À l'époque on ne parlait pas en tonnes ni en kilos mais en muids et en charges de sel, c'était au volume.

Lorsqu'un saunier avait vendu son sel à un navire les 3/5ème revenaient en numéraire au propriétaire du marais, le reste pour le saunier qui exploitait la saline.

Plus tard, lorsque la concurrence des pays étrangers s'est multipliée, le commerce en sel avec les pays européens s'est écroulé.

C'est à ce moment-là qu'on à commencé à le vendre presque uniquement par voie de terre.

Les négociants se sont développés, rachetant le sel aux sauniers, construisant les premières salorges pour le stockage de la précieuse denrée en attente d'être vendue.

Dans le bourg de L'Ile d'Olonne le premier gros négociant en sel fut incontestablement Jean-François Guignard, Maire de L'Ile d'Olonne en 1830 qui habitait dans sa maison de la Naurais (face à la place de l'église).

C'est lui qui fit ouvrir l'actuelle rue de la salorge sur ses propres terrains pour fournir un accès plus rapide pour le transport du sel des marais vers le bourg où la toute première salorge de L'Île devait se trouver à l'emplacement de l'actuel garage de la Naurais.